• Symbolique Avril 2015

     

    Pack étudiant spirituel

    Être un cœur créateur

    Avril 2015

    (pleine lune du 4 mai 2015)

      

    Exercice philosophique/symbolique 11

     

     

    Symbolique de l’arbre

    Module philosophique « éveilleur »

     

    L’un des thèmes symbolique les plus riches et les plus répandus ; celui également dont la bibliographie, à elle seule, formerait un livre. Mircea Eliade distingue sept interprétations principales (ELIT, 230-231) qu’il ne considère d’ailleurs pas comme exhaustives, mais qui s’articulent toutes autour de l’idée du Cosmos vivant en perpétuelle régénérescence.

     

    En dépit d’apparences superficielles et de conclusions hâtives, l’arbre, même sacré, n’est pas partout un objet de culte ; il est la figuration symbolique d’une entité qui le dépasse et qui, elle, peut devenir objet de culte.

     

    Symbole de la vie, en perpétuelle évolution, en ascension vers le ciel, il évoque tout le symbolisme de la verticalité : ainsi l’arbre de Léonard de Vinci. D’autre part, il sert aussi à symboliser le caractère cyclique de l’évolution cosmique : mort et régénérescence ; les feuillus surtout évoquent un cycle, eux qui se dépouillent et se recouvrent chaque année de feuilles.

     

    L’arbre met aussi en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s’enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirées par la lumière du ciel. Des reptiles rampent entre ses racines ; des oiseaux volent dans sa ramure : il met en relation le monde chthonien et le monde ouranien. Il réunit tous les éléments : l’eau circule avec sa sève, la terre s’intègre à son corps par ses racines, l’air nourrit ses feuilles, le feu jaillit de son frottement.

     

    On ne retiendra ici que la symbolique générale de l’arbre ; des précisions sur des espèces particulières seront données à leur nom : acacia, amandier, chêne, cyprès, olivier, etc.

     

    Parce que ses racines plongent dans le sol et que ses branches s’élèvent vers le ciel, l’arbre est universellement considéré comme un symbole des rapports qui s’établissent entre la terre et le ciel. Il possède en ce sens un caractère central, à tel point que l’arbre du monde est un synonyme de l’Axe du monde. C’est bien ainsi que le décrit lyriquement le Pseudo-Chrysostome, dans la sixième homélie sur la Pâque : ferme soutien de l’univers, lien de toutes choses, support de toute la terre habitée, entrelacement cosmique, comprenant en soi toute la bigarrure de la nature humaine. Fixé par les clous invisible de l’Esprit, pour ne pas vaciller dans son ajustement au divin ; touchant le ciel du sommet de sa tête, affermissant la terre de ses pieds, et, dans l’espace intermédiaire, embrassant l’atmosphère entière de ses mains incommensurables. (cité par H. de Lubac, dans Catholicisme – Les aspects sociaux du dogme, Paris, 1941, p. 366). Figure axiale, il est tout naturellement le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible : c’est donc cet arbre qu’évoquent aussi bien l’échelle de Jacob que le poteau chamanique de la Yourte sibérienne, le poteau-mitan du sanctuaire vaudou, Chemin des esprits (METV, 66), ou celui de la loge des Sioux autour duquel s’accomplit la danse du soleil. C’est le pilier central qui soutient le temple ou la maison, dans la tradition judéo-chrétienne, et c’est aussi la colonne vertébrale soutenant le corps humain, temple de l’âme.

     

    L’arbre cosmique est souvent représenté sous la forme d’une essence particulièrement majestueuse. Tels apparaissent, dans les croyances de ces peuples, le chêne celtique, le tilleul germanique, le frêne scandinave, l’olivier de l’orient islamique, le mélèze et le bouleau sibériens, tous les arbres remarquables par leurs définitions, leur longévité ou, comme dans le cas du bouleau, leur blancheur lumineuse. Sur le tronc de ce dernier des entailles matérialisent les étapes de l’ascension chamanique. Dieux, esprits et âmes empruntent le chemin de l’arbre du monde, entre ciel et terre. Ainsi en va-t-il en Chine avec l’arbre Kien-Mou, dressé au centre du monde, comme en témoigne le fait qu’il n’y a à son pied ni ombre, ni écho ; il a neuf branches et neuf racines, par lesquels il touche aux neuf cieux et aux neuf sources, séjour des morts.

     

    Par lui montent et descendent les souverains, médiateurs du Ciel et de la Terre, mais substituts aussi du soleil. Soleil et lune descendent également par le mélèze sibérien, sous forme d’oiseaux ; en outre, de part et d’autre de l’arbre Kien se trouve l’arbre Fou au levant et l’arbre Jo au couchant, par où monte et descend le soleil. L’arbre Jo porte aussi dix soleils, qui sont dix corbeaux.

    Pour les musulmans chiites de rite ismaélien l’arbre nourri de la terre et de l’eau et dépassant le septième ciel symbolise le hakikat c'est-à-dire l’état de béatitude où le mystique dépassant la dualité des apparences rejoint la Réalité suprême, l’Unité originelle ou l’être coïncide avec Dieu.

     

    Il existe dans certaines traditions plusieurs arbres du monde. Ainsi les Gold en situent un premier dans les cieux, un second sur terre, un troisième dans le royaume des morts (HARA, 56).

     

    Aux antipodes du pays des Gold on trouve, dans la cosmologie des Indiens Pueblo le grand sapin du monde souterrain qui reprend le symbolisme ascensionnel de la migration des âmes en fournissant l’échelle au moyen de laquelle les Ancêtres, in illo tempore, purent grimper jusqu’à la terre de notre soleil (ALEC, 56). Mais cet arbre central qui, du cosmos jusqu’à l’homme, couvre tout le champ de la pensée de sa présence et de sa puissance, est aussi, nécessairement, l’arbre de vie, qu’il soit à feuilles persistantes, tel le laurier, symbole d’immortalité, ou à feuilles caduques dont la régénération périodique exprime le cycle des morts et renaissances, et donc la vie dans sa dynamique : s’il est chargé de forces sacrées, note M. Eliade, c’est qu’il est vertical, qu’il pousse, qu’il perd ses feuilles et les récupère et que, par conséquent, il se régénère : il meurt et renaît d’innombrables fois (ELIT, 235). 

     

    L’arbre de vie a pour sève la rosée céleste, et ses fruits, jalousement défendus, transmettent une parcelle d’immortalité. Ainsi en est-il des fruits de l’arbre de vie de l’Eden, qui sont au nombre de douze, signe du renouvellement cyclique, et de celui de la Jérusalem céleste des pommes d’or du jardin des Hespérides et des pêches de la Si-wang mou, de la sève du Haoma iranien, sans parler des diverses résines de conifères. Le himorogi japonais, amené dans la terre centrale, paraît bien être un Arbre de Vie. L’Arbre de Vie est un thème de décoration très répandu en Iran où on le figure entre deux animaux affrontés ; à Java, il est représenté avec la montagne centrale sur l’écran (kayon) du théâtre d’ombres.

     

    L’Arbre de la Boddhi, sous lequel le Bouddha atteignit l’illumination, est encore un Arbre du monde et une Arbre de Vie : il représente, dans l’iconographie primitive, le Bouddha lui-même. Ses racines, dit une inscription d’Angkor, sont Brahmâ, son tronc Civa, ses branches Vishnu. C’est une représentation classique de l’axe du monde. L’arbre cosmique qui, dans le barattage de la Mer de Lait, sert à l’obtention du breuvage d’immortalité, est représenté à Angkor avec Vishnu à sa base, sur son tronc et à son sommet. Mais en d’autres circonstances, Civa est un arbre central dont Brahmâ et Vishnu sont les branches latérales.

     

    L’association de l’arbre de Vie et de la manifestation divine se retrouve dans les traditions chrétiennes. Car il y a analogie, et même reconduction du symbole entre l’arbre de la première alliance, l’arbre de vie de la Genèse, et l’arbre de la croix, ou arbre de la Nouvelle Alliance, qui régénère l’homme. Pour H. de Lubac, la Croix, érigée sur une montagne, au centre du monde, reconduit totalement l’antique image de l’arbre cosmique ou arbre du monde. Fréquentes sont du reste dans l’iconographie chrétienne, les représentations de croix feuillue ou d’arbres-Croix, où l’on retrouve, avec la séparation des deux premières branches, la symbolique de la fourche et de sa représentation graphique, l’Y, ou de l’Unique et du duel. A la limite c’est le Christ lui-même qui, par métonymie, devient l’arbre du monde, axe du monde, échelle : la comparaison est explicite chez Origène.

     

    En Orient comme en Occident l’arbre de vie est souvent renversé. Ce renversement, selon les textes védiques, proviendrait d’une certaine conception du rôle du soleil et de la lumière dans la croissance des êtres : c’est d’en haut qu’ils puissent la vie, c’est d’en bas qu’ils s’efforcent de la faire pénétrer. De là, ce renversement des images : la ramure joue le rôle des racines, les racines celui des branches. La vie vient du ciel est pénètre la terre : suivant un mot de Dante, il est un arbre qui vit de sa cime. Cette conception n’aurait rien d’anti-scientifique ; mais l’en-haut oriental est sacralisé et la photogénèse s’explique par la puissance d’êtres célestes. Le symbolisme hindou de l’arbre renversé, qui s’exprime notamment dans la Bhagavad-Gitâ (15, 1) signifie aussi que les racines sont le principe de la manifestation et les branches la manifestation qui s’épanouit. Guénon y découvre encore une autre signification : l’arbre s’élève au-dessus du plan de réflexion, qui limite le domaine cosmique inversé au-dessous ; il franchit la limite du manifesté, pour pénétrer dans le réfléchi et y introduit l’inspiré.

     

    L’ésotérisme hébraïque reprend la même idée : L’arbre de vie s’étend du haut vers le bas et le soleil l’éclaire entièrement (Zohar). Dans l’Islam, les racines de l’arbre du Bonheur plongent dans le dernier ciel et ses rameaux s’étendent au-dessus et au-dessous de la terre.

     

    La même tradition s’affirme dans le folklore islandais et finlandais. Les Lapons sacrifient chaque année un bœuf, au profit du dieu de la végétation et, à cette occasion, un arbre est posé près de l’autel, les racines en l’air et la couronne par terre.

     

    Schmidt rapporte que certaines tribus australiennes, les sorciers avaient un arbre magique qu’ils plantaient renversé. Après en avoir enduit les racines de sang humain, ils le brûlaient.

     

    Dans les Upanishad, l’Univers est un arbre renversé, plongeant ses racines dans le ciel et étendant ses branches au-dessus de la terre tout entière. Selon Eliade, cette image pourrait avoir une signification solaire. Le Rig-Veda précise : C’est vers le bas que se dirigent les branches, c’est en haut que se trouve sa racine, que ses rayons descendent sur nous ! La Katha-Upanishad : Cet Açvattha éternel, dont les racines vont en haut et les branches en bas, c’est le pur, c’est le Brahman ; le Brahman, c’est ce qu’on nomme la Non-Mort. Tous les mondes reposent en lui. Mircea Eliade commente : l’arbre Açvattha représente ici dans toute sa clarté la manifestation du Brahman dans le Cosmos, c'est-à-dire la création comme mouvement descendant (ELIT, 239-241).

     

    Et Gilbert Durand de conclure : Cet arbre renversé insolite, qui choque notre sens de la verticalité ascendante, est bien signe de la coexistence, dans l’archétype de l’arbre, du schème de la réciprocité cyclique (DURS, 371). Cette idée de réciprocité conduit à celle d’union entre le continu et le discontinu, l’unité et la dualité, au glissement symbolique de l’arbre de Vie à l’Arbre de la Connaissance, cet arbre de la Science du Bien et du Mal, qui est pourtant distingué du premier. Dans le paradis terrestre, il sera l’instrument de la chute d’Adam, comme l’arbre de vie sera celui de la rédemption, avec la crucifixion de Jésus. Cette distinction de l’Ancien Testament, qui renforce encore l’idée de réciprocité, introduirait aussi, selon André Virel, le parallélisme et la distinction de deux évolutions créatrices, biologique d’une part (arbre de vie), psychologique et historique de l’autre (VIRI, 175). 

     

    C’est bien, en effet, l’idée d’évolution biologique qui fait de l’arbre de vie un symbole de fertilité sur lequel s’est construite, au cours des temps, toute une magie propitiatoire, dont on peut encore observer aujourd’hui de nombreux témoignages. Ainsi, dans certaines tribus nomades iraniennes, les jeunes femmes s’ornent-elles le corps d’un arbre tatoué, dont les racines partent du sexe, et les frondaisons s’épanouissent sur les seins. Très ancienne coutume aussi qui fait que, de la méditerranée jusqu’en Inde on rencontre, isolés dans la campagne, souvent près d’une source, de beaux arbres couverts d’une floraison de mouchoirs rouges, que des femmes stériles sont venues nouer à ses branches pour conjurer le sort.

     

    La coutume dravidienne du mariage mystique entre arbres et humains est destinée à renforcer la capacité de procréation de la femme : la fiancée d’un Goala Hindu est obligatoirement mariée à un manguier, avant d’être unie à son propre mari (BOUA, 277). Des traditions analogues sont attestées au Pendjab et dans l’Himalaya. A Bombay, parmi les Kudva Kunbis du Gujerat, si le mariage présente certaines difficultés, on marie d’abord la jeune fille à un manguier ou à un arbre fruitier, parce que, écrit Campell (Bombay Gazeteer, 7, 61) un esprit craint les arbres et surtout les arbres à fruits. L’analogie arbre à fruits-femme féconde joue un rôle complémentaire de l’analogie arbre à latex-force génésique (mâle). Ce qui explique que, chez les Kurmi, ce sont le fiancé que l’on marie d’abord au manguier, le jour de son mariage. Il embrasse l’arbre, auquel il est ensuite attaché. Au bout d’un certain temps on le détache, mais les feuilles de l’arbre sont nouées autour de ses poignets. Le mariage d’arbres associé au mariage humain se retrouve en Amérique du Nord chez les sioux ; en Afrique, chez les Boshimans, et les Hottentots.

     

    On raconte chez les Yakoutes qu’au nombril de la terre se dresse un arbre florissant à huit branches… La couronne de l’arbre répand un liquide divin d’un jaune écumant. Quand les passants en boivent , leur fatigue se dissipe et leur faim disparaît… Quand le premier homme, à son apparition dans le monde, désira savoir pourquoi il était là, il se rendit près de cet arbre gigantesque dont la cime traverse le ciel…Il vit alors, dans le tronc de l’arbre merveilleux…une cavité où se montra jusqu’à la ceinture une femme qui fit savoir qu’il était venu au monde pour être l’ancêtre du genre humain (ROUF, 374).

     

    Les Altaïques disent également : avant de venir sur la terre, les âmes des humains résident dans le ciel ou sont perchés sur les cimes célestes de l’arbre cosmique, sous la forme de petits oiseaux (ROUF, 376).

     

    Marco Polo rapporte que le premier roi des Ouïghours est né d’un certain champignon nourri de la sève des arbres (cité par ROUF, 361). Des croyances analogues se retrouvent en Chine. Toutes ces légendes ne présentent qu’une alternative : tantôt un arbre est fécondé par la lumière – ce qui paraît la forme la plus ancienne du mythe – tantôt deux arbres s’accouplent.

    La coutume dravidienne marie aussi entre eux, substituts des hommes. Ainsi, en Inde du Sud, un couple n’arrivant pas à procréer se rend au bord de l’étang ou de la rivière sacrée, le matin d’un jour faste. Là, les deux époux plantent côte à côte deux plants d’arbres sacrés, l’un mâle, l’autre femelle, et enlacent la tige droite et rigide de l’arbre mâle avec la tige souple de l’arbre femelle. Le couple d’arbres ainsi formé est ensuite protégé d’un enclos, afin qu’il vive et assure, avec sa propre fécondité, celle du couple humain qui l’a planté (BOUA, 8-9).  Cependant ces arbres ne sont, jusqu’alors, considérés que comme fiancés. Il faut un laps de temps d’une dizaine d’années pour qu’à l’occasion d’une nouvelle visite la femme stérile, opérant seule cette fois-ci, se rende au pied du couple sylvestre et dépose entre les racines des deux arbres, toujours enlacés, une pierre, longtemps lavée par les eaux d’une rivière ou de l’étang sacré, et gravée d’un couple de serpents enlacés. Alors seulement, se produira l’union mystique des arbres sacrés et la femme deviendra mère. L’association des symboles eau-pierre-serpent-arbre dans ce rituel de fécondation est particulièrement significative.

     

    On rencontre également des interprétations anthropomorphiques de l’arbre parmi les Altaïques et Turco-Mongols de Sibérie. Ainsi chez les Youngouses un homme se transforme en arbre et reprend ensuite sa forme primitive (ROUF, 246).

     

    L’Arbre source de vie, précise Eliade (ELIT, 261), présuppose que la source de vie se trouve concentrée dans ce végétal ; donc, que la modalité humaine se trouve là à l’état virtuel, sous forme de germes et de semences. Selon Spencer et Gillen cités par le même auteur, la tribu Warramunga, du nord de l’Australie, croit que l’esprit des enfants, petit comme un grain de sable, se trouve à l’intérieur de certains arbres, d’où il se détache parfois pour pénétrer par le nombril dans le ventre maternel. Ce qui n’est pas sans rappeler la croyance très répandue, selon laquelle le principe du feu, comme celui de la vie, est caché dans certains arbres d’où on l’extrait par frottement (GRAF).

     

    Toutes les croyances que nous venons de rapporter montrent que, sexuellement, le symbolisme de l’arbre est ambivalent. L’arbre de vie peut à l’origine être considéré comme une image de l’androgyne initial. Mais, au plan du monde phénoménal, le tronc dressé vers le ciel, symbole de force et de puissance éminemment solaire, est bien le Phallus, image archétypale du père. Tandis que l’arbre creux, de même que l’arbre au feuillage dense et enveloppant, où nichent les oiseaux, et qui se couvre périodiquement de fruits évoque, lui, l’image archétypale lunaire de la mère fertile : c’est le chêne creux d’où s’échappe l’eau de la fontaine de jouvence (CANA, 80) ; c’est aussi l’athanor des alchimistes, matrice où s’opère la gestation de l’or philosophal, souvent comparé à un arbre. C’est en ce sens que Jérôme Bosch dans la Tentation de saint Antoine, l’a assimilé à une mégère qui extirpe de son ventre d’écorce un enfant emmailloté (VANA, 217). Parfois aussi un arbre est considéré comme mâle, un autre comme femelle : chez les Tchouvatches le tilleul sert à faire des poteaux funéraires pour l’office des femmes mortes, le chêne pour l’office des hommes morts (ROUFF, 360).

     

    Ou bien encore les deux polarités s’additionnent, ce qui conduit Jung à une interprétation androgynale, ou plutôt hermaphrodite du symbole.

     

    Le mythe de Cybèle et d’Attis procure à l’analyste un excellent schéma pour illustrer sa pensée. Il considère d’abord que Cybèle, mère des dieux, et symbole de la libido maternelle, était androgyne tout comme l’arbre. Mais une androgyne brûlante d’amour pour son fils. Comme, au contraire, le désir du jeune dieu le portait vers une nymphe, Cybèle, jalouse, le rendit fou. Attis au paroxysme du délire dont l’avait frappé sa mère, follement amoureuse de lui, se chate sous un pin, explique C.G Jung, arbre qui joue un rôle capital dans le culte qu’on lui rend. (Une fois l’an, le pin était couvert de guirlandes, on y suspendait une image d’Attis, puis on abattait l’arbre pour symboliser la castration.) Au comble du désespoir, Cybèle arracha l’arbre du sol, l’emporta dans as grotte et elle pleura. Ainsi, voilà la mère chthonique qui va cacher son fils dans son antre, c'est-à-dire dans son giron ; car, d’après une autre version, Attis fut métamorphosé en pin. Ici l’arbre est avant tout le phallus, mais aussi la mère, vu qu’on y suspend l’image d’Attis. Cela symbolisait l’amour du fils attaché à sa mère (JUNL, 411-0412). Dans la Rome impériale, un pin coupé, souvenir, symbole, ou simulacre d’Attis, était transféré solennellement sur le Palatin le 22 mars, pour la fête appelée de l’Arbor intrat.

     

    Un autre mythe est interprété, avec une certaine liberté quand aux détails des légendes anciennes, dans le même sens et met en cause, le même arbre, le pin. Le héros Penthée est fils d’Echion, la couleuvre, et lui-même serpent de nature. Curieux d’épier les orgies des Ménades, il grimpe sur un pin. Mais sa mère, l’apercevant, alarme les Ménades. L’arbre est abattu et Penthée, pris pour un animal, est déchiré en lambeaux. Sa propre mère est la première à se jeter sur lui…Ainsi on trouve réunis dans ce mythe le sens phallique de l’arbre (car l’abattage symbolise la castration) et son sens maternel, figuré par la montée sur le pin et la mort du fils (JUNL, 413).

     

    Cette ambivalence du symbolisme de l’arbre, à la fois phallus et matrice, se manifeste plus nettement encore dans l’arbre double : Un arbre double symbolise le processus d’individuation au cours duquel les contraires, en nous s’unissent (JUNS, 187).

     

    L’abondance dans la légende des peuples, des pères-arbres comme des mères-arbres conduit à l’arbre-ancêtre dont l’image, dépouillée peu à peu de son contexte mythique, aboutira de nos jours à l’arbre généalogique. Chemin faisant, du symbole profond à l’allégorie moderne, on peut citer le mythe biblique de l’arbre de Jessé ( ISAIE, 11, 13) qui a inspiré tant d’œuvres d’art et de commentaires mystiques : Un rameau sortira de la tige de Jessé, et de sa racine montera une fleur et l’esprit du Seigneur se reposera sur lui : l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété ; l’esprit de la crainte de Dieu le remplira. L’arbre de Jessé symbolise la chaîne des générations, dont la Bible nous résume l’histoire et qui culminera avec la venue de la Vierge et du Christ. Il a connu un grand succès chez les miniaturistes et verriers du XIIIe siècle, et particulièrement chez les Cisterciens, en raison de leur dévotion particulière à la Vierge. Dans ses représentations l’arbre émerge du nombril, de la bouche ou du flanc de Jessé. Le tronc porte parfois des branches sur lesquelles apparaissent les rois de Juda, ancêtres du Christ.

     

    Un autre arbre de Jessé qui, selon Ourse, constitue le chef-d’œuvre de la miniature cistercienne, se trouve dans le commentaire de saint Jérôme sur Isaïe. Au-dessous de l’image se trouve les textes Egredietur virgo. Jessé, le buste et la tête à demi soulevés, soutient de sa main gauche l’arbre jaillissant de son flanc. La Vierge immense plane. On pourrait même dire qu’elle bondit de la ramure surgissant du ventre de Jessé, comparable à un mont. Elle tient l’enfant sur son bras droit, et de sa main gauche lui offre une fleur ; deux anges entourent sa tête, à la base d’une auréole cerclée de pierres. L’ange de droite vers lequel la Vierge dirige son regard présente une église schématisée : celle de Cîteaux. L’ange de gauche soutient une couronne, celle-ci étant destinée à la Vierge. Au-dessus de cette auréole se trouve la colombe, avatar de l’Esprit-Saint.

     

    Symbolisant la croissance d’une famille, d’une cité, d’un peuple, ou mieux encore le pouvoir grandissant d’un roi, l’arbre de vie peut brusquement renverser sa polarité et devenir arbre de mort. On connait le cas de Nabuchodonosor en proie à ses songes, et l’interprétation que lui fournit le prophète Daniel : J’ai eu un rêve, dit le roi, il m’a épouvantéVoici un arbre au centre de la terre, très grand de taille. L’arbre grandit, devient puissant, sa hauteur atteignit le ciel, sa vue les confins de la terre. Son feuillage était beau, abondant son fruit ; en lui chacun trouvait sa nourriture…Mais voici un vigilant, un saint du ciel descend ; à pleine voie il crie : abattez l’arbre, brisez ses branches, arrachez ses feuilles, jetez ses fruits…ce songe soit pour tes ennemis, répondit Daniel, et son interprétation pour tes rivaux. Cet arbre que tu as vu, grand et fort, atteignant au ciel… c’est toi, ô roi, qui est devenu grand et puissant… Mais tu seras chassé d’entre les hommes… (DANIEL 2, 3, 4, 2, 78, 11, 17, 22).

     

    Dans Ezéchiel (31, 8-10) le Pharaon est comparé à un cèdre du Liban. De grands arbres, comme les térébinthes, figurent parfois dans les Psaumes (29,9) les ennemis de Yahvé et de son peuple : Clameur de Yahvé, elle secoue les térébinthes, elle dépouille les futaies. Isaïe (14, 13) déjà dénonçait les tyrans qui veulent, comme des cyprès et des cèdres, escalader les cieux, mais qui sont abattus. Aspect négatif du symbolisme de ses grands arbres, ils représentent aussi l’ambition démesurée des grands de la terre, qui veulent toujours étendre et consolider leur pouvoir, et qui sont foudroyés.

     

    L’anagramme de l’arbre, note Jacques Lacan dans ses écrits (504-505) c’est la barre arbre circulatoire, arbre de vie du cervelet, arbre de saturne ou de Diane, cristaux précipités en un arbre conducteur de la foudre, est-ce votre figure qui trace notre destin dans l’écaille passée au feu de la tortue, ou votre éclair qui fait surgir d’une innombrable nuit cette lente mutation de l’être dans l’Ev nav a du langage ?

     « Non dit l’Arbre, il dit : Non ! dans l’étincelle de sa tête superbe », vers que nous tenons pour aussi légitimes à être entendus dans les harmoniques de l’arbre que leur revers :

    « Que la tempête traite universellement

    Comme elle fait une herbe. »

    La kabbale aussi parle d’un arbre de mort. Il fournit à Adam les feuilles dont il couvre sa nudité, et le Zohar voit en lui le symbole du savoir magique, qui est une des conséquences de la chute. Elle est liée à l’existence du corps physique privé du corps de lumière (SCHK, 193).

     

    Mais c’est encore la croix, instrument de supplice et de rédemption, qui rassemble en une seule image les deux signifiés extrêmes de ce signifiant majeur qu’est l’Arbre : par la mort vers la vie ; per crucem ad lucem, par la croix vers la lumière.

    (Dictionnaire des symboles – Robert Laffont)

     

     

    Exercice pratique

     

    L’exercice consiste à faire une retranscription d’au moins une page sur le regard que vous avez sur vous-même, votre mode de penser et votre mode de fonctionnement intérieur et extérieur. Ici les fautes d’orthographes, de français et de grammaire, n’ont aucune importance, puisque seul demeure l’expérience de l’élève et de son cheminement personnel. Ce n’est pas un exercice intellectuel, mais un exercice pour faire connaissance avec son « soi ». Soyez vrai, droit et sincère avec vous-même, avec votre cœur, avec vos pensées, et dans vos écris. N’essayez pas de mentir, de minimiser, ou d’augmenter, juste d’être vous-même, juste de vous accepter tel que vous êtes, pour vous donner la possibilité de vous découvrir en profondeur. Une retranscription simple et honnête, de « qui vous êtes » et « ou vous en êtes » maintenant. Ce travail vous aide à faire « connaissance » avec vous, à chaque fois de manière renouvelée et en toute objectivité. Grâce à cette réalité véridique, vous pouvez aborder « là ou vous en êtes » en toute sérénité et avancer avec un « plan de restructuration » en fonction des découvertes que vous observez, et de l’élévation que vous constatez. Au fur et à mesure des exercices, votre Conscience Individuelle grandit, s’affine et change, c’est cela la transmutation, l’ascension vers la source de la Conscience Universelle…... !

     

    Voici les questions:

     

    Cet exercice est un travail philosophique pour ouvrir votre réflexion, sur votre relation avec la symbolique de « l’arbre »,  et observer toutes les particularités que celle-ci véhicule. C’est un entrainement pour vous « observer » vous-même.  Pour « observer » vos réactions personnelles, qu’elles soient avec les autres ou avec  le Cosmos. Votre environnement intérieur et extérieur, sont mis à contribution pour vous révéler « qui vous êtes » exactement, mais également « qui sont les autres ».  C’est une manière particulière de se défaire des contraintes, en prenant conscience des corrélations qui existent dans tous les niveaux de conscience. Mais c’est également une manière divine de se lier avec ceux qui nous ressemblent et le Cosmos. 

     

    1/ Que représente pour vous la symbolique de l’arbre ? Comprenez-vous le sens de cette symbolique, son utilisation au-delà des mots et des expressions ? Avez-vous déjà entendu parler de l’arbre à l’envers ? Expliquez-vous en quelques lignes ?

     

    2/ Il y a 7 interprétations de l’arbre autour du Cosmos. Citez lesquelles ?

     

    3/ L’arbre est un symbole fort de verticalité et de vie en perpétuelle évolution ? Qu’en pensez-vous ?

     

    4/ Quelles sont les trois niveaux principaux du Cosmos selon vous ? Argumentez votre réponse avec des exemples?

     

    5/ Arbre du Monde - Axe du Monde – Arbre Cosmique – Arbre de vie – Rosée Céleste – Fruit d’immortalité – Que représente toutes ses significations pour vous ? 

     

    L’arbre est vu comme une représentation d’un processus de création, qui met en œuvre des puissances et des énergies Divines. Essence de vie infinie tant dans le microcosme de l’être humain, que dans le macrocosme de l’univers, l’arbre représente le monde infini. De la plus simple représentation, aux pouvoirs magiques et mystérieux, toute l’histoire du monde réside en lui. De nombreux pouvoirs surnaturels lui sont attribués, notamment la fertilité et l’immortalité. L’interprétation que vous ferez de l’Arbre avec ses 5 questions,  sera en faite représentatif de votre état actuel.

     

     

    ¸.•°*”˜”*°• ¯`°º·¤.¸¸.¤·º°´¯¸.•°*”˜”*°•. 

     

     

    Que la philosophie dégagée par les symboliques éclaire votre conscience d’une nouvelle lumière.

    Recevez cher étudiant de la Conscience Universelle, toute mon Amitié Bienveillante et salutaire.

    Je vous aime infiniment, je vous aime infiniment, je vous aime infiniment

    Véronique-Arlette

    Namasté  

     

     

    Extrait des Packs étudiants « Être un cœur créateur »©Véronique-Arlette 2012

    Livre protégé par un Copyright intégrant le texte et les images

     

    ¯˜ »*°•**•°* »˜¯ 

     

     

    « Exercice Prière avril 2015Charte d'Ethique Avril 2015 »
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